. Chers associés et amis
Depuis que Jean-Luc Jeener nous a accueillis, il y a trois mois, au Théâtre du Nord Ouest, qu'avons-nous fait et où en sommes-nous ? Ce fut et c'est un plaisir de jouer pour vous les Grenouilles. La comédie la plus négative d'Aristophane, celle qui dénigre la République des Lettres (sur fond de crise des valeurs et de guerre), fait chanter Beckett par les Grenouilles des marais infernaux, reconstitue les chants grecs des Initiés, et propose des masques directement inspirés de l'Antique, à travers lesquels l'actualité politique se renouvelle au fil des remaniements ministériels. Dionysos, féru de modernité (toute relative : il a un faible pour Eddy Mitchell), - Dionysos, c'est-à-dire vous, Spectateurs, cher Public - voudrait bien faire gagner Euripide, le champion du mélodrame, le poète iconoclaste des maladies de l'âme amoureuse, mais Aristophane veille, et n'hésite pas à faire triompher Eschyle. Un mois après les Grenouilles, nous avons donc remonté les Perses, nos Perses. C'était une folie : faire revivre ce rêve plus fort que la mort, par le mystère du théâtre ; retrouver les rythmes, la musique, la langue, l'impact, remotiver les noms de capitaines noyés dans le catalogue, croire dans la force de l'évocation des morts, voir surgir l'Ombre de Darios, comme dans le nô, un nô tout dionysiaque.
La question du sens final reste encore, volontairement, en suspens. Qui est Xerxès ? Par où le passé (l'Histoire élevée au rang du mythe) rejoint-il le présent ? Je voudrais que le spectateur apporte sa réponse. Je voudrais que les Perses soient perçus pour ce qu'ils sont, la tragédie exemplaire du présent. Ai-je besoin de mettre des kalachnikovs dans les mains des Fidèles ? de dire les noms de Hanoï, Srebrenica, World Trade Center, Kaboul, Madrid, Falloujah, au lieu de Sardes, Milet, Salamine, l'Acropole, Platée, Suse ? Ai-je besoin de désigner Nixon, Ho Chi Min, Clinton, Saddam Hussein, Ben Laden, George Bush ? De rivaliser avec Francis Ford Coppola, de projeter des images de CNN ou d'Al-Jazeera, de draper le tyran dans une bannière déchirée ? Les conflits actuels qui opposent l'Occident à l'Orient, le Nord au Sud, irriguent le plateau. Pour voir les Perses, il ne suffit pas de se souvenir du film délicieusement suranné de Jean Prat (ORTF 1961), ou du bonheur de nos études classiques, ni de rêver, avec nostalgie, des bas-reliefs de Persépolis et de la plastique grecque, il faut avoir conscience que la guerre est là, à chaque instant, irréversible, dans les mots actuels et prophétiques du grec ancien.Philippe Brunet, le 16 avril 2004Les Perses seront à Avignon, au Théâtre de la Condition des Soies, du 8 au 31 juillet 2004, 20h.Et rendez-vous au Théâtre du Nord Ouest pour les prochaines échéances :
Le programme est disponible sur le site internet http:// cpta.free.fr. Et chaque semaine, sur notre répondeur téléphonique (01 45 26 49 10) ou sur celui du Nord Ouest pour l'ensemble de la programmation (01 47 70 32 75). Attention, les dates qui figurent sur le Pariscope sont parfois erronées.
jeudi 8 avril, 19h Les Errances d'Ulysse
samedi 10 avril, 20h30 Les Perses
dimanche 11 avril, 17h Les Grenouilles
vendredi 16 avril, 19h Les Errances d'Ulysse
samedi 17 avril, 19h Les Errances d'Ulysse
dimanche 18 avril, 12h30 Les Errances d'Ulysse
*jeudi 29 avril, 20h30 Les Grenouilles (à Orsay, université)
vendredi 30 avril, 20h30 Les Perses
jeudi 6 mai, 19h Les Grenouilles
samedi 8 mai, 12h30 Les Errances d'Ulysse
et à 20h45 Les Perses
jeudi 13 mai, 19h Les Grenouilles
samedi 15 mai, 17h Les Perses
jeudi 20 mai, 19h Les Grenouilles
et à 20h45 Les Perses
samedi 22 mai, 12h30 Les Errances d'Ulysse
et à 17h Les Grenouilles
dimanche 23 mai, 12h30 Les Grenouilles
et à 17h Les Perses
samedi 29 mai, 12h30 Les Grenouilles
vendredi 4 juin, 20h45 Les Perses
samedi 5 juin, 12h30 Les Errances d'Ulysse
et à 17h Les Grenouilles
samedi 12 juin, 12h30 Les Grenouilles
et à 20h45 Les Perses
vendredi 18 juin, 19h Les Perses
samedi 19 juin, 20h45 Les Perses
Avignon
Festival 2004, OFF du 8 au 31 juillet 2004
Théâtre de la Condition des Soies,
CIRCE, ou ULYSSE ET LES COCHONS, drame satyrique d'après l'Odyssée d'Homère, 19h45
LES PERSES, tragédie d'Eschyle, 20h30
Vaison-la-Romaine,
Semaine de Théâtre Antique, Théâtre du Nymphée, 7 juillet 2004,
CASSANDRE, ou ULYSSE AUX ENFERS, d'après l'Odyssée d'Homère
Joyeux printemps à tous, en espérant vous retrouver lors d'une prochaine représentation. Salutations dionysiaques
Philippe Brunet
N.B. Rappel du montant de l'adhésion 2004 (23 euros membre actif ; 8 euros étudiant, chômeur ; 76 euros et plus membre bienfaiteur)