LETTRE AUX AEDES N° 3

Paris, le 15 février 2005

Bonjour, chers aèdes,

Ce message est adressé à la cinquantaine d'aèdes qui va participer au marathon homérique en Sorbonne.

Nous avons fait un nouvel entraînement à la lecture de l'Iliade ce lundi en Sorbonne. Et comme à chaque fois, quelque chose s'est passé. J'ai toujours cru à l'Iliade, mais jamais je n'avais éprouvé, même lorsqu'on portait le poème à la scène, une telle joie à entendre des aèdes superposer leurs voix, rivaliser, enchaîner, varier, inventer. Je n'en reviens toujours pas. Nous avons lu trois fois le chant 16 en boucle. Il y avait des voix confirmées, d'autres plus débutantes. Pour unifier les débits et former les voix disparates à ce rythme particulier de l'hexamètre en français, à titre d'exercice j'ai demandé à chaque trio de dire ensemble les vers, avec une voix dominante qui tournait, entrainant les deux autres dans son propre rythme. L'effet fut stupéfiant. Les voix se sont fondues, affermies, affirmées. Les "effets" (intentions,subjectivité, amorces codées) se sont effacés. Il ne restait plus que l'efficacité du vers et des phrases, que la matière des voix. Au cours de la compétition finale, un choeur de trois jeunes filles à la voix suave et persuasive a eu raison des plus braillards d'entre nous. homériquement vôtre, Philippe Brunet


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